Affranchie des systèmes d’appartenances classiques ou des circuits industriels conventionnels, la musique alternative est plurielle.
Retour sur les dix styles musicaux qui, à leur arrivée, ont bousculé la scène internationale du siècle dernier !
La musique a joué un rôle majeur dans la contre-culture en ouvrant un espace propice à l’articulation des communautés et en offrant en partage le sentiment d’une identité collective. Par ailleurs, le vertigineux mélange des genres a fourni une formidable toile de fond socio-politico-culturelle pour des pratiques et des innovations musicales qui, reliées à l’idéologie contre-culturelle, offraient un contexte expérimental riche.
Les scènes contre-culturelles
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, la musique occidentale se scindait en trois positions. La musique classique de l’élite institutionnelle, la musique religieuse et la musique populaire de tradition orale. Le 20ème siècle établit un contexte de mondialisation libérale et d’avancées technologiques. Naissent alors un grand nombre de subcultures autonomes. Ce phénomène participe à l’émergence d’une multiplicité de nouveaux genres et sous-genres musicaux indépendants.
(…) dans les pays industrialisés, des membres de différentes minorités, notamment celles issues de l’immigration, récupèrent à leur profit les éléments de la culture de masse (celle d’hier, c’est-à-dire les disques vinyle, et celle d’aujourd’hui, diffusée par la radio, la télévision et Internet), qu’ils réaménagent pour en faire un moyen d’expression artistique et, le cas échéant, identitaire. Vient s’ajouter à cela le fait que la ville constitue un creuset culturel fécond où se télescopent et s’interpénètrent différents genres musicaux. Les espaces urbains offrent à ce titre un lieu idéal pour observer et analyser les discours liés aux pratiques musicales actuelles.
1er des styles musicaux : le Jazz des années 1910-20-30 !
Ce style musical est né d’un brassage culturel intense et d’une histoire tumultueuse. Il est issu de la rencontre entre la musique occidentale et la musique africaine subsaharienne. Cette dernière est traditionnellement présente pour accompagner le travail en cours ou lors de rites funéraires. Elle arrive sur le territoire américain par les millions de protagonistes victimes de la traite des noirs. Cette musique, alors entendue dans les champs de coton ou de tabac, se construisait en appel et réponse. Une seule mélodie et des rythmes contre-métriques. Revendication culturelle, religieuse et politique, le jazz nait alors au début du siècle dernier à la Nouvelle-Orléans. Il mélange alors musique traditionnelle africaine (notamment congolaise) et instruments occidentaux.
Anecdote : c’est le jazz qui donna naissance à la célèbre batterie !
Cinq grand courants de ce genre musical sont à dénombrer. Le jazz New-Orléans, le swing, le be bop, le free jazz et enfin, le cool jazz.
2. Le rock’n’roll des années 1940 !
Il est issu d’un mélange entre le rhythm and blues, la folk, le jazz, la musique classique et la country. Le rock’n’roll a su considérablement bouleversé l’ordre établi. Une puissante révolution des mœurs accompagne son apparition. Il surprend déjà dans sa seule pratique. Rythmes binaires au tempo considérablement accéléré. Nouvelles manières de se mouvoir en dansant, de chanter avec une voix puissante, en passant rapidement du grave à l’aigu…
Les années 1960 sont considérées comme la période classique du rock’n’roll. C’est en outre à cette période que le genre se popularise et se divise en deux grandes tendances. La pop (Les Beatles) et le rock (The Rolling Stones, The Velvet Underground). Au sein de la seconde, de nombreux sous-genres voient le jour. Citons entre eux le rockabilly, le rock psychédélique, le collège rock, le blues rock ou le rock progressif.
3ème des styles musicaux : la soul des années 1950 !
En réaction aux communautés blanches et l’envahissement du rock’n’roll sur la scène internationale, la soul arrive sur scène. En anglais soul music, soit « la musique de l’âme ». C’est une musique populaire afro-américaine de la moitié du siècle dernier. Née aux États-Unis, elle est dérivée des chants religieux gospel et de l’urbanisation du rhythm and blues. Issue d’une tradition orale où les esclaves noirs chantaient leurs souffrances. Le blues de la fin du XIXème siècle se diversifie. Après avoir influencé le jazz ou le rock, la soul arrive sur scène. Les artistes iconiques du genre ne sont autre que Ray Charles, James Brown, Aretha Franklin ou Ottis Redding. C’est en lien à un mouvement contestataire anti-raciste qu’il émerge, mêlant émotion sacrée à textes profanes, pop, gospel et negro spiritual.
4. Le reggae des années 1960 !
C’est en Jamaïque qu’émerge le genre avec, pour influence principale, le folklore local composé d’influences européennes et ouest-africaines : le mento. Avec le ska et le rocksteady, le reggae puise dans ses fameux contretemps de la guitare rythmique. Son nom, il le tient d’un morceau composé en 1967 par Frederic Toots Hibert : Do the reggay.
Il est intimement lié au rastafari sans en être indissociable : certains musicien.ne.s rejettent même cette spiritualité.
5ème des styles musicaux : le disco des années 1970 !
Mélange de funk, de soul et de pop, enrichie de synthétiseurs et d’une orchestration à cordes et cuivre, la musique disco apparaît d’abord aux États-Unis et est caractérisée par des rythmes fait de grosses caisses. Symbole d’une jeunesse vive, libérée et colorée, elle se joue surtout en discothèque grâce à l’invention des maxi 45 tours. Le funk (de l’anglais funky, « puant »), dont le disco tire ses origines, est issu de la culture afro-américaine, où le triptyque guitare, basse et batterie est prédominant. À cela, s’y ajoute des chants gospel.
6. Le punk des années 1970 !
Toujours lié au mouvement culturel réactionnaire du même nom, profondément opposé à celui des hippies, aux groupes de pop et de folk, le punk atteint le sommet de ses ventes dans les années 70. Il teint son nom de l’argot londonien, dont sa signification n’est autre que « dégueulasse ». Il est marqué par le principe DIY (« do it yourself », soit « fait le toi-même ») et échappe, à ses débuts, à l’industrie du disque. Sans grande maîtrise des instruments en vogue de l’époque (le fameux triptyque guitare, basse et batterie) ou du chant, les compositions se font simples, courtes, rapides et agressives.
7ème des styles musicaux : les hip-hop, rap et slam des années 1970-1980 !
Influencée par le blues, le jazz et le reggae, la culture hip hop fait naitre rap et slam au début des années 1970 dans les guettos américains. Sa popularité grandissante atteint son sommet en 1980. Nombre de concerts font alors voir sur scène des personnages agressifs essentiellement masculins, à la diction rimée et très rythmée, où la pauvreté et le danger inhérent aux quartiers sont dénoncés. À son origine, les célèbres MCs, soit les maîtres de cérémonies (contraction de l’anglais « Master of Ceremony »), soutenaient les DJs durant leurs sets en lançant quelques rimes rappées, appelées, à l’époque, des MC-ing. Le slam, quant à lui, vient du verbe anglais to slam, qui signifie « claquer », lui même inspiré du mot « shelem » utilisé dans les matchs sportif. Poésie urbaine née à Chicago en 1980, les artistes y déclament des textes sous forme de joutes oratoires dans les cafés et les bars.
8. La house des années 1980 !
En provenance des platines d’artistes de Détroit et Chicago, la house est née des innovations technologies musicales a et d’un besoin irrépressible de danser, à une époque de crise économique et sociale aux États-Unis. C’est en effet l’apparition du système MIDI, qui permet à plusieurs instruments de communiquer entre eux grâce à un ordinateur, que la grande famille des musiques électroniques voient le jour. C’est une véritable révolution, à l’heure où s’entrechoquent déjà le rock (à son apogée), le disco et le punk. La house est caractérisée par un rythme minimaliste, des basses funky et des parties chantées en live ou samplées. Elle se décompose elle-même en de multiples sous-genres, dont nous n’en citerons que quelques-uns : l’acid-house, le hip house, disco-house ou bien la tech-house.
9. La techno des années 1980 !
Mettant à profit les boites à rythmes, synthétiseurs et autres échantillons sonores de toutes les sortes, la techno est un de ses styles musicaux du siècle dernier qui ne laisse personne indifférent. Le tempo, sorte de pulsation cardiaque à 130 battements par minute, en est sa caractéristique principale. À son origine, ce style musical s’inspire de la culture industrielle américaine de la fin de la guerre froide et des thèmes musicaux futuristes présents dans la culture populaire de l’époque.
Longtemps marginalisée, la techno est associée de façon simpliste aux raves et free parties ou à la consommation de psychotropes. Longtemps caricaturée, elle est souvent confondue avec le genre général et pluriel dans lequel on la classe : l’électronique. Sa liberté et son engagement anti-commercial font de la techno une musique révolutionnaire : un des pontes du style, Jeff Mills, refuse toujours de signer sur une major et continue à produire sur le label au nom symbolique d’Underground Resistance. Pour ne citer que quelques sous-genre de la techno : acid techno, techno de detroit, techno indus ou encore techno minimale.
10ème des styles musicaux : la trance des années 1990 !
Tirant ses sources de la culture hippie des années 1970 (notamment à Goa, en Inde), de la house et de la techno des années 1980, c’est lors de la dernière décennie du siècle dernier qu’apparait la trance. Elle se caractérise par un tempo encore plus rapide, des lignes mélodiques répétitives et planantes, obtenues par des harmonies de notes et l’utilisation de filtres dont les fréquences de coupure varient tout du long du morceau. Voici quelques exemples de sous-genres : acid-trance, trance psychédélique ou goa trance, hard trance.